Entre science politique, humilité républicaine et continuité institutionnelle.
Le retour d’un homme d’expérience
L’hémicycle de Lomé a retrouvé, ce mardi 28 octobre 2025, un visage familier des grandes heures de l’État togolais.
L’Honorable Dr. Komi Sélom KLASSOU, ancien Premier ministre, vient d’être élu Président de l’Assemblée nationale, en remplacement du désormais Ministre Kodjo ADEDZE, nommé au gouvernement de la Ve République.
Cette élection, fruit d’un large consensus parlementaire, marque à la fois la continuité institutionnelle et le retour au premier plan d’un homme dont la carrière s’est construite dans la discrétion des coulisses, la rigueur académique et la loyauté républicaine.
Peu d’hommes, au Togo, incarnent avec autant d’équilibre l’esprit d’État : Universitaire, Ministre, Chef de gouvernement, Parlementaire, militant discipliné du parti UNIR, Dr. KLASSOU symbolise cette génération d’intellectuels d’action qui allient le savoir au service public, la mesure à la décision.
Des bancs de l’université à la scène politique : la lente ascension
Né le 6 février 1960 à Notsè, dans la région des Plateaux, Dr. Komi Sélom KLASSOU appartient à cette lignée d’hommes formés dans la tradition du mérite et de la rigueur.
Docteur en géographie, diplômé de l’Université de Bordeaux III, il est d’abord enseignant-chercheur à l’Université du Bénin (aujourd’hui Université de Lomé), où il forme plusieurs générations d’étudiants.
Son sens du service et de la pédagogie le conduit naturellement vers la sphère publique. Il s’y distingue d’abord comme Secrétaire Général du Ministère de l’Enseignement Primaire et Secondaire, puis comme Ministre de l’Enseignement Primaire et Secondaire entre 2000 et 2003.
Sa méthode : rigueur, écoute et planification. L’éducation, pour lui, n’est pas une politique sociale, mais la matrice de la République.
L’homme du consensus politique
En 2007, il entre à l’Assemblée Nationale comme député, puis devient Vice-Président du Parlement. Il est de ceux qui participent activement à la normalisation politique du Togo, après les années d’ajustement institutionnel et de dialogue inter-togolais.
Sa verve mesurée et sa culture du compromis lui valent le respect de ses pairs, toutes tendances confondues.
Son engagement au sein du parti présidentiel UNIR est connu : non pas celui du militant de façade, mais celui du bâtisseur méthodique, du loyaliste sans emphase.
En 2015, sa compétence technique et son sens de la collégialité le propulsent au poste de Premier Ministre, où il coordonne l’action gouvernementale jusqu’en 2020.
Premier ministre du réalisme et de la rigueur (2015–2020)
Le mandat du Dr. Sélom KLASSOU à la Primature restera marqué par la continuité de l’action publique et la consolidation des réformes structurelles.
Sous sa direction, le gouvernement engage plusieurs chantiers décisifs :
- la poursuite des programmes d’infrastructures et de désenclavement ;
- la mise en œuvre du Plan National de Développement (PND 2018–2022) ;
- le renforcement du dialogue social ;
- la modernisation de l’administration publique.
Plus qu’un chef de gouvernement politique, Dr. KLASSOU s’est imposé comme un chef d’équipe, attaché à la méthode, à l’ordre et à la loyauté envers le Président de la République, Son Excellence Faure Essozimna GNASSINGBE.
Sa démission en 2020, intervenue dans le cadre du renouvellement gouvernemental, s’était faite sans tumulte : il avait choisi le silence digne, fidèle à son tempérament d’homme d’État.
L’élection à la Présidence du Parlement : un choix d’équilibre
Cinq ans plus tard, le 28 octobre 2025, le Parlement togolais a choisi de rappeler Dr. Sélom KLASSOU à la tête de son institution.
Dans un contexte marqué par la mise en place du régime parlementaire de la Ve République, ce choix revêt une signification majeure : il s’agit de placer à la tête de l’Assemblée une personnalité d’expérience, capable d’assurer la stabilité, la discipline et la hauteur de vue nécessaires à cette transition institutionnelle.
Son élection est aussi le symbole d’une réconciliation entre la technocratie et la légitimité politique.
Dr. KLASSOU est perçu comme un homme de devoir, ni frondeur ni opportuniste, dont la loyauté au Chef de l’État ne se dément jamais, mais qui sait préserver l’autonomie de l’institution qu’il préside.
L’homme et la méthode : rigueur, collégialité, vision
Ceux qui ont travaillé à ses côtés décrivent un homme méthodique, peu bavard, mais précis.
Il privilégie les faits, déteste les effets.
Sa conception du pouvoir est celle d’un mandat de service : le poste ne fait pas l’homme, c’est la mesure de l’homme qui honore le poste.
Dans ses premières déclarations après son élection, il a insisté sur la nécessité de « faire du Parlement un organe d’équilibre, de transparence et de légitimité ».
Sous sa présidence, les observateurs s’attendent à un recentrage des travaux parlementaires sur :
- le suivi des politiques publiques,
- la rationalisation des débats législatifs,
- et le renforcement de la diplomatie parlementaire du Togo à l’échelle africaine et internationale.
Un héritage d’État, un profil de serviteur
Marié et père de famille, profondément attaché à sa terre natale de Notsè, Dr. Sélom KLASSOU incarne une génération d’élites formées par l’école publique et façonnées par la République.
Ses références intellectuelles se situent entre la pensée du développement et la philosophie du service.
Son parcours, d’Universitaire à Premier Ministre, puis aujourd’hui à la tête du Parlement, symbolise la continuité de l’État togolais à travers ses serviteurs les plus constants.
Le président des équilibres
En élisant Dr. Komi Sélom KLASSOU à sa tête, l’Assemblée Nationale du Togo fait le choix de la sagesse et de la stabilité.
Dans un Togo désormais régi par une architecture parlementaire, l’équilibre des institutions dépendra autant des textes que des tempéraments.
Et dans cet équilibre, l’ancien Premier Ministre apporte ce qui manquait parfois aux transitions africaines : la maturité politique, la patience de l’intellectuel, et l’humilité de l’homme d’État.
Ce n’est pas un retour vers le passé, mais une remontée vers la source : celle d’un homme pour qui servir reste un verbe d’action, et non de possession.
Le Parlement togolais, sous sa présidence, s’annonce comme un espace de raison, de méthode et de respiration institutionnelle.
LE RÉPUBLICAIN