Koamy gomado – le technicien du local réélu : entre compétence, ancrage et ruptures politiques

GOMADO

Lorsque, le 17 octobre 2025, la salle du conseil municipal de la commune du Golfe 1 a réentendu le nom de Koamy GOMADO, ce n’était pas seulement la réélection d’un élu local : c’était la confirmation publique d’un itinéraire singulier, forgé à la croisée du terrain, de l’expertise technique et d’une ambition de transformation des pratiques municipales. Candidat unique, il a obtenu la quasi-unanimité des suffrages, un symbole de légitimité locale qui ne va pas sans interrogation nationale.

𝐔𝐧 𝐩𝐚𝐫𝐜𝐨𝐮𝐫𝐬 𝐝𝐞 𝐭𝐞𝐜𝐡𝐧𝐢𝐜𝐢𝐞𝐧 𝐝𝐞𝐯𝐞𝐧𝐮 𝐡𝐨𝐦𝐦𝐞 𝐩𝐮𝐛𝐥𝐢𝐜

Né à Lomé et formé en planification du développement régional, Koamy GOMADO s’est d’abord illustré dans les sphères techniques et du développement local. Ses années dans le secteur privé, notamment à la tête d’une fondation d’entreprise et dans des fonctions liées à l’aménagement et à l’environnement, lui ont conféré une expertise opérationnelle rare chez les élus locaux. Ce profil technique, allié à une maîtrise des enjeux urbains, a naturellement façonné son approche de la mairie : planification, gouvernance participative, projets d’infrastructure et résilience urbaine ont constitué l’ossature de sa pratique administrative.

Élu maire en 2019, il s’est imposé par des chantiers concrets, réhabilitation de voiries, gestion des marchés, lutte contre les inondations et projets d’équipement, et par des pratiques de gouvernance visant la transparence et la reddition de comptes. Ses travaux ont été remarqués et salués par des partenaires techniques, ce qui a contribué à bâtir sa réputation d’« homme d’action » au niveau local.

𝐋𝐚 𝐧𝐨𝐦𝐢𝐧𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐠𝐨𝐮𝐯𝐞𝐫𝐧𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭𝐚𝐥𝐞 𝐞𝐭 𝐥𝐚 𝐫𝐮𝐩𝐭𝐮𝐫𝐞 𝐚𝐯𝐞𝐜 𝐥’𝐀𝐍𝐂

L’itinéraire politique de Gomado comporte un versant plus heurté. Issu à l’origine de l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC), il a été confronté à une fracture nette avec son ancien parti à la suite de sa nomination au gouvernement, en août 2024. L’ANC, hostile à toute collaboration avec l’exécutif de l’époque, a réagi en ouvrant une procédure disciplinaire et en le suspendant de ses fonctions fédérales et centrales, sanction qui traduit la profondeur du clivage entre fidélité partisane et choix personnels d’engagement gouvernemental.

Cette rupture marque un moment d’émancipation politique : GOMADO a répondu par la création d’un mouvement citoyen, TOVIA (« Togolais, viens agir »), qui se veut apolitique dans l’ambition mais politique dans les effets, promouvant la compétence locale, la transparence et la mobilisation citoyenne. Le lancement officiel de TOVIA a manifesté sa volonté de porter une logique de service public au-dessus des clivages partisans traditionnels.

𝐔𝐧 𝐫ô𝐥𝐞 𝐝é𝐬𝐨𝐫𝐦𝐚𝐢𝐬 𝐛𝐢𝐜é𝐩𝐡𝐚𝐥𝐞 : 𝐦𝐚𝐢𝐫𝐞 𝐫éé𝐥𝐮 𝐞𝐭 𝐫𝐞𝐬𝐩𝐨𝐧𝐬𝐚𝐛𝐢𝐥𝐢𝐭é 𝐠𝐨𝐮𝐯𝐞𝐫𝐧𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭𝐚𝐥𝐞

Ce qui singularise aujourd’hui la trajectoire de Gomado, c’est la conciliation, ou la superposition, de deux registres : celui de l’élu local, réélu avec une forte légitimité, et celui du responsable gouvernemental (Ministre Délégué Chargé du Développement Local), investi d’un mandat technique et politique plus large. Cette dualité place l’intéressé au carrefour de la mise en œuvre des politiques de décentralisation : aussi bien en tant qu’acteur pilote sur le terrain qu’en tant que concepteur ou coordinateur d’orientations au niveau national.

Pour l’observateur républicain, la question centrale demeure celle de l’articulation des rôles et de la prévention des conflits d’intérêts. C’est précisément dans la manière dont GOMADO va traduire sa double fonction en actes (transparence sur la gestion des ressources, séparation claire des prérogatives et reddition de comptes) que se mesurera la solidité de sa réélection.

𝐓𝐎𝐕𝐈𝐀 𝐞𝐭 𝐥𝐚 𝐩𝐨𝐬𝐭𝐮𝐫𝐞 𝐝’𝐮𝐧 𝐧𝐨𝐮𝐯𝐞𝐥 𝐚𝐜𝐭𝐞𝐮𝐫 𝐥𝐨𝐜𝐚𝐥

Par la création de TOVIA, GOMADO a cherché à institutionnaliser une plateforme qui mobilise au-delà des appareils partisans. C’est une réponse stratégique à l’ère des recompositions politiques : offrir un cadre d’action centré sur la compétence et la base citoyenne. Si ce mouvement promet de renouveler les pratiques locales, il reste à mesurer sa capacité à produire des résultats tangibles au-delà des discours, en matière d’investissement local, d’emploi des jeunes, de gouvernance foncière et de services publics de proximité.

𝐌é𝐫𝐢𝐭𝐞𝐬 𝐞𝐭 𝐜𝐫𝐢𝐭𝐢𝐪𝐮𝐞𝐬 : 𝐥𝐞𝐜𝐭𝐮𝐫𝐞 𝐫é𝐩𝐮𝐛𝐥𝐢𝐜𝐚𝐢𝐧𝐞

Il serait injuste de réduire la trajectoire de Koamy GOMADO à ses seuls combats politiques ou à ses ruptures partisanes. Son mérite premier est d’avoir démontré qu’un maire peut être un technicien compétent, attentif aux procédures, aux plans et aux réalisations. Sa réélection témoigne d’une confiance locale largement manifestée.

Cependant, le regard républicain exige aussi la vigilance : la cohabitation des responsabilités locales et gouvernementales appelle à une exemplarité renforcée. La séparation transparente des fonctions, l’absence d’instrumentalisation des ressources communales à des fins étatiques et la conduite d’une politique locale réellement inclusive seront autant de critères d’évaluation de son mandat.

𝐂𝐞 𝐪𝐮𝐞 𝐥’𝐚𝐯𝐞𝐧𝐢𝐫 𝐢𝐦𝐩𝐨𝐬𝐞 : 𝐩𝐫𝐢𝐨𝐫𝐢𝐭é𝐬 𝐞𝐭 𝐥𝐢𝐠𝐧𝐞𝐬 𝐫𝐨𝐮𝐠𝐞𝐬

Sur le terrain, les défis de la commune du Golfe 1 sont classiques mais urgents : urbanisation maîtrisée, assainissement, infrastructures de base, sécurité foncière, accompagnement des PME locales et gouvernance participative. Sur le plan national, son expérience locale et son expérience gouvernementale le positionnent comme un acteur potentiel de la montée en compétence des communes togolaises, à condition qu’il pratique une politique de portage institutionnel et non de personnification.

Enfin, il appartient à GOMADO de démontrer que la rupture avec l’ANC n’a pas été un reniement mais une réorientation au service de l’efficacité publique. Les citoyens du Golfe 1, qui lui ont renouvelé leur confiance, attendent désormais que le discours se traduise en projets visibles, durables et équitables.

En conclusion, la réélection de Koamy GOMADO est l’illustration d’un phénomène contemporain : l’émergence d’élus locaux qui conjuguent expertise technique et ambition politique, en dehors des trajectoires partisanes traditionnelles. Sa carrière, faite de décisions courageuses et de ruptures assumées, le place dans une position singulière au sein du paysage togolais. Reste à convertir cette position en actes gouvernants pour que sa parole de maire et sa responsabilité gouvernementale servent, effectivement, le développement et la tranquillité des populations.

𝐋𝐄 𝐑É𝐏𝐔𝐁𝐋𝐈𝐂𝐀𝐈𝐍

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