L’ancien Président Mahamadou Issoufou, après trois semaines du putsch renversant le président démocratiquement élu par les nigeriens, a donné de la voix, en demandant aux putschistes la libération du président déchu Mohamed Bazoum et à le rétablir dans ses fonctions de président de la république du Niger, a laissé entendre l’ancien président nigérien dans le journal de jeune Afrique.
Pour une sortie de crise au Niger, l’ancien Président met en avant la négociation, mais n’exclut pas tout de même un éventuel usage de la force, a-t-il souligné.
Mahamadou Issoufou, affirme avoir un échange régulier avec Mohamed Bazoum depuis sa séquestration par les militaires et balaie du revers de la main toute allégeance avec la junte.
Lisez l’interview accordée à Jeune Afrique
Coup d’État au Niger : quel rôle a joué Mahamadou Issoufou ?
Jeune Afrique : Comment avez-vous accueilli le coup d’État ?
Mahamadou Issoufou : Avec une grande surprise. Nous avons tous été surpris.
Vous inscrivez-vous toujours dans une démarche de médiation avec les militaires qui ont pris le pouvoir ?
Oui. C’est très difficile, mais je garde l’espoir d’une sortie de crise pacifique et négociée.
Quel est votre objectif ?
Mon exigence n’a jamais variée. Je demande la libération du président Mohamed Bazoum et sa restauration dans ses fonctions.
Pourquoi ne condamnez-vous pas explicitement le coup d’État ?
Ce que je viens de vous dire me semble clair à ce sujet.
Jusque dans l’entourage du président Bazoum, certains n’hésitent pas à vous accuser de manipuler les généraux, voire d’être le cerveau du putsch.
Comment réagissez-vous ?
Très mal. Je me sens insulté, meurtri dans mon intelligence. Tout cela est archi-faux. Ceux qui propagent ce type de rumeurs sont ceux-là même qui, dès le premier jour, ont cherché à nous diviser, Bazoum et moi. Mais notre amitié a toujours été plus forte que cela. Et puis, posez-vous la question : qu’aurais-je à gagner dans ce scénario ? Rien. Qu’aurais-je à perdre ? Tout.
Quels sont vos rapports actuels avec Mohamed Bazoum ?
Nous échangeons chaque jour, tirez-en les conclusions.
Il a pourtant été dit et répété que vous lui aviez imposé le maintien du général Abdourahamane Tiani, aujourd’hui chef du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), à la tête de la garde présidentielle…
Faux. Je n’ai jamais demandé cela, encore moins imposé. Pour la bonne raison que je me suis toujours interdit d’intervenir en faveur ou en défaveur de qui que ce soit.
Vous situez-vous sur la même longueur d’onde que la Cedeao ?
Oui. Comme elle, je privilégie la voie de la négociation.
Et l’usage de la force ?
C’est l’ultime recours.