Au Palais des congrès, l’IPDCP impose un tournant décisif : éduquer la jeunesse à la cybersécurité pour protéger les citoyens… et l’avenir du pays.
Lomé, 31 octobre 2025.
Dans une salle pleine à craquer du Palais des Congrès, plus de 2 500 jeunes (élèves, étudiants, apprentis, entrepreneurs, influenceurs, associations et encadreurs) ont pris part à une vaste initiative de sensibilisation à la protection des données personnelles.
Au cœur de cette mobilisation : l’Instance de Protection des Données à Caractère Personnel (IPDCP), autorité administrative indépendante créée par la loi N°2019-014 du 29 octobre 2019 et chargée de veiller au respect de la vie privée numérique des citoyens.
L’événement, soutenu par la présence des autorités administratives et locales notamment le Préfet du Golfe, le Président de l’IPDCP, Colonel BELEI, et le Maire de la Commune Agoènyivé 3 at d’autres pas des moindres a placé la jeunesse togolaise face à une réalité souvent négligée : sur Internet, chaque clic raconte quelque chose de nous… et Internet n’oublie jamais.
« Ce que vous publiez aujourd’hui peut vous suivre toute votre vie »

Dans son discours inaugural, le Colonel BELEI, Président de l’IPDCP, a rappelé l’essentiel avec une clarté qui a marqué l’assistance :
« Un jeune d’aujourd’hui peut devenir une personnalité demain. Et ce que l’on publie peut vous rattraper. »
Il a rappelé que la donnée personnelle n’est pas un concept abstrait, mais une véritable pièce d’identité numérique, aussi sensible qu’un numéro de carte nationale ou une adresse personnelle.
Dans un contexte où les réseaux sociaux sont devenus l’extension naturelle de la vie privée, l’IPDCP met en garde : filmer tout, publier tout, partager tout, c’est exposer sa vie au monde entier, souvent sans retour possible.
Le message est clair : Internet est un outil formidable. Il peut porter. Il peut aussi détruire.
Cybersécurité : un danger invisible mais bien réel
L’intervention de l’expert en cybersécurité Malick GERALDO a donné une dimension concrète aux risques. Dans un langage simple et direct, il a révélé l’ampleur des pertes financières causées par les attaques numériques au Togo : plus de 1,5 milliard de francs CFA perdus en une seule année.
Selon lui, le Togo est aujourd’hui l’un des pays où la connexion mobile est la plus accessible, et plus de 70 % de la population possède un smartphone.
Une opportunité… mais aussi une vulnérabilité majeure.
Son message a résonné dans la salle : Si c’est gratuit, c’est vous le produit.
Il a détaillé les mesures essentielles pour se protéger en ligne : mots de passe sécurisés, authentification à deux facteurs, mises à jour régulières, gestion des autorisations des applications, sauvegarde des données.
Réseaux sociaux : outils d’expression ou pièges numériques ?
L’informaticien ODAYE, intervenant sur le thème « Les réseaux sociaux : armes ou pièges ? », a mis en lumière un paradoxe contemporain :
Les réseaux sociaux sont devenus des espaces où l’on construit des identités… et où l’on peut aussi les détruire.
Il a alerté sur les phénomènes croissants :
- usurpation d’identité,
- cyberharcèlement,
- manipulation psychologique,
- collecte massive de données.
Pour de nombreux jeunes, ces plateformes sont un espace d’expression. Mais, comme l’a souligné l’expert : Publier, c’est renoncer à une partie de soi.
Éduquer autrement : l’art comme vecteur de pédagogie citoyenne
L’originalité de cette rencontre a été son approche pédagogique mêlant formations, humour et sensibilisation artistique, permettant aux messages d’atteindre le public de façon plus directe et plus durable.
- Performance du rappeur Kuroness
- Intervention engagée de l’humoriste Ibrahim, tournant en dérision les excès du numérique
- Prestation du groupe TOVIA, alliant culture et sensibilisation
- Sketch du Club UNESCO, illustrant les dérives possibles des médias sociaux
- Prestation musicale d’Attias Lamousiki
Grâce à un tombola final, plus de cent jeunes sont repartis avec des récompenses destinées à encourager une utilisation plus responsable des outils numériques suivi d’une remise d’attestation aux acteurs principaux de la sensibilisation.
Le numérique oui, mais dans la responsabilité
Cette journée n’a pas seulement marqué les esprits ; elle a posé les bases d’une nouvelle citoyenneté numérique au Togo.
L’IPDCP l’a rappelé avec force : La protection de la vie privée n’est pas une option. C’est un droit.
Et ce droit implique un devoir : la prudence.
Le Togo, engagé dans la modernisation de ses infrastructures numériques et dans la digitalisation de l’administration publique, fait désormais de la cybersécurité un pilier stratégique de gouvernance.
Cette initiative n’a pas sensibilisé seulement 2500 jeunes.
Elle a formé 2500 ambassadeurs de la protection des données personnelles.
Dans un monde où le numérique évolue plus vite que les consciences, la sensibilisation des jeunes apparaît comme une nécessité nationale.
Ce qui s’est passé au Palais des Congrès dépasse l’évènementiel : c’est un investissement dans l’avenir.
L’IPDCP ne protège pas uniquement les données.
Elle protège des vies, des réputations et des futurs.

LE RÉPUBLICAIN